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Basic Statistics With R
FIRST EDITION
Stephen C. Loftus
Division of Science, Technology, Engineering and Math, Sweet Briar
College, Sweet Briar, VA, United States
Table of Contents
Cover image
Title page
Copyright
Dedication
Biography
Preface
Acknowledgments
Part I: An introduction to statistics and R
1.1. Introduction
Chapter 2: An introduction to R
2.1. Installation
2.4. Variables
2.5. Vectors
2.8. Conclusion
References
Part II: Collecting data and loading it into R
3.1. Introduction
3.6. Conclusion
References
4.1. Introduction
4.8. Conclusion
References
5.1. Introduction
5.2. Libraries in R
5.6. Conclusion
References
Part III: Exploring and describing data
6.1. Introduction
6.10. Conclusion
References
7.1. Introduction
7.7. Boxplots
7.9. Conclusion
References
Part IV: Mechanisms of inference
8.1. Introduction
8.9. Conclusion
Chapter 9: Sampling distributions, or why exploratory analyses are
not enough
9.1. Introduction
9.5. Conclusion
10.1. Introduction
10.5. Conclusion
References
Chapter 11: Making hypothesis testing work with the central limit
theorem
11.1. Introduction
11.5. Conclusion
12.1. Introduction
12.8. Conclusion
References
Part V: Statistical inference
13.1. Introduction
13.4. Conclusion
References
Chapter 14: Confidence intervals for a single parameter
14.1. Introduction
14.5. Conclusion
References
15.1. Introduction
15.5. Conclusion
References
16.1. Introduction
16.6. Conclusion
References
17.1. Introduction
17.5. Conclusion
References
18.1. Introduction
18.7. Conclusion
References
Chapter 19: Simple linear regression
19.1. Introduction
19.5. Regression in R
19.13. Conclusion
References
Chapter 2
Chapter 3
Chapter 4
Chapter 5
Chapter 6
Chapter 7
Chapter 8
Chapter 9
Chapter 10
Chapter 11
Chapter 12
Chapter 13
Chapter 14
Chapter 15
Chapter 16
Chapter 17
Chapter 18
Chapter 19
References
References
Index
Copyright
Academic Press is an imprint of Elsevier
125 London Wall, London EC2Y 5AS, United Kingdom
525 B Street, Suite 1650, San Diego, CA 92101, United States
50 Hampshire Street, 5th Floor, Cambridge, MA 02139, United States
The Boulevard, Langford Lane, Kidlington, Oxford OX5 1GB, United
Kingdom
Notices
Knowledge and best practice in this field are constantly changing.
As new research and experience broaden our understanding,
changes in research methods, professional practices, or medical
treatment may become necessary.
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XXX
Au cours de cette semaine, Mathieu s’était retrouvé plusieurs fois avec
Mme Randal. De son dîner chez les monstres, il ne lui avait parlé que pour
en décrire la tristesse pesante.
«Pourquoi donc vous y être rendu? Boucbélère s’imagine qu’il fait
plaisir aux gens en les invitant, mais chacun n’est pas de son avis. Moi, je
me sentais déjà les nerfs à vif; j’ai refusé...»
Elle paraissait inquiète, agitée, prête à quelque folie, à toutes les
imprudences, et n’en donnait d’autre raison que le changement survenu en
l’humeur soudain adoucie de James.
«Depuis deux jours, disait-elle, j’ai peur: on croirait qu’il se repent, qu’il
va me demander pardon de quelque chose. Il ne me heurte pas, il ne tâche
plus de m’exaspérer, il a des attentions que je ne lui connaissais pas... J’ai
peur.»
Quoi que Mathieu pût lui dire, sa conclusion ne variait guère: elle avait
peur, et cette peur se manifestait par des paroles déraisonnables, par de
beaux projets, fiévreusement construits, qu’elle démolissait par un éclat de
rire.
Or, le samedi matin, comme Mathieu était seul dans son bureau, Ida,
retenue par quelque surveillance nécessaire, ne devant pas venir, il reçut,
vers dix heures, le billet suivant, porté par un palefrenier du cirque:
Monsieur Delannes,
Je vous serais très obligé de passer au camp. Il s’agit d’une affaire
importante pour vous et pour moi. Je vous attendrai de 2 heures à 7 heures.
La prairie n’est pas plus longue à traverser dans un sens que dans l’autre,
mais il faut, je vous assure, que ce soit vous qui veniez me trouver et non
pas moi qui me rende chez vous.
Je vous verrai bientôt.
James Randal.
Que signifient ces lignes?... Le départ prochain du cirque oblige peut-
être son directeur à régler certains contrats récents, mais en ce cas, James
Randal s’adresserait d’abord à Jérôme Hourgues; d’ailleurs, une simple
résiliation de bail explique-t-elle cette seconde phrase du billet: «La prairie
n’est pas plus longue à traverser...» et la suite? Une plaisanterie? On ne
pouvait le croire.
Il reprit la feuille commerciale chargée d’un en-tête bilingue. Écriture
posée, très appuyée, signature nette, sans paraphe: tout cela, comme
d’habitude.
Mathieu s’agaçait de ne rien tirer d’autre de ce texte, de n’y rien
découvrir de sous-entendu.
«Le mieux est donc d’aller voir de quoi il retourne.»
Et, ce même après-midi, Delannes s’en fut vers le camp.
Alors James Randal se mit à parler sur le ton d’une conversation rapide,
un peu brusquée.
«Si j’avais vu clair en moi-même, sans doute ne vous aurais-je pas
appelés à mon secours, mais je ne puis expliquer le mal qui me touche assez
bien pour que ma raison soit satisfaite. Cette femme, cet homme, ont péché;
cette femme, je l’aimais et je croyais en son amour; j’estimais cet homme et
pensais mériter son estime. Tous deux m’ont payé en fausse monnaie: ils
me trompent insolemment, cruellement, ils m’infligent le maximum de
souffrances. Que méritent-ils en retour? Voilà ce que je voudrais savoir... Je
ne puis pourtant pas le leur demander!»
Avant qu’il ait pu réfléchir à cette idée nouvelle, Leslie répondait
nettement:
«Il le faut.»
Et Harland grognait:
«Bien sûr! tout de suite...
—Soit... dit Randal. Monsieur Mathieu Delannes, quelle punition
méritez-vous?
—Je ne répondrai pas! dit Mathieu.
—Ida Randal?...»
Elle haussa les épaules, la bouche close.
«C’est donc à vous de parler, dit James Randal aux deux hommes.
—Commence, toi, je t’en prie, dit Leslie à Harland: je veux rêver encore,
pendant que tu parleras.
—Merci, Avery: je n’aurais pas pu me retenir plus longtemps.»
Il serrait au genou sa jambe croisée; il regardait par terre un petit point
précis, le nœud d’une planche, et ne le quittait pas des yeux. Il maîtrisait
mal sa voix, rauque, puis étouffée, et soudain aboyante.
«D’abord, l’homme... C’est un mauvais homme qui mérite la corde, mais
ici nous ne pourrions le pendre tranquillement; il faut trouver autre chose...
Il n’a pas de remords: on le voit à sa figure, eh bien, je propose de lui
donner un remords. On le laissera partir tout seul, en lui accordant une juste
avance, et moi, quelques jours plus tard, je le suivrai comme un remords.
J’aurai un couteau dans ma poche; cet homme, je le chercherai partout, car
il se cachera, ayant peur du remords à ses trousses, et il tâchera de l’éviter,
de lui échapper, mais on ne tourne pas un remords, on ne le gagne pas de
vitesse, et un jour... oh! sans choisir!... dans le dos! entre les épaules! ou
dans le ventre, pour lui fouiller les tripes, comme à un porc!... On me
pendra, je pense, on me tuera selon les lois du pays... cela m’est égal: cet
homme aura eu son remords, en aura souffert, aura péri par ce remords. Je
veux être le remords de ce mauvais homme... voilà!
—Je parlerai ensuite, dit Leslie... D’abord l’homme... Nous avons causé
ensemble; vraiment, ses intentions semblaient droites; peut-être ne savait-il
pas que la voie droite est une voie difficile... cela n’a rien d’étonnant: jeune,
riche, beau (regardez-le!) il croyait que l’on peut vivre sans songer à rien,
pour le plaisir de vivre. J’avais bien l’impression qu’il se promenait au
hasard, librement, dans un jardin planté de fleurs et d’arbres fruitiers, qu’il
cueillait les fleurs parce qu’elles sentaient bon, qu’il cueillait les fruits et les
mangeait avec gourmandise... enfin, comment dire ça? qu’il se sentait «chez
lui» dans la vie. «Oh! non, pensait-il, je ne fais pas grand mal en cueillant
ces roses et ces pommes! un peu de mal seulement, très peu, le mal que font
les autres, le mal qui ne compte pas, qui ne pèse rien dans la balance,
presque rien!» Or, un jour, il est venu ici et il a rencontré la tentation devant
sa porte, non pas une forme de l’esprit mauvais, mais elle qui souriait!... Il
n’a pas su s’arrêter le temps qu’il fallait pour éclairer son cœur, pour
comprendre qu’elle l’entraînerait vers le ciel, s’il voulait, au pays des
étoiles... Engagé sur la voie tortueuse et glissante qui mène en bas, il lui a
tendu la main en disant: «Venez!» Il souffrait d’avoir déjà fait le mal, sans
savoir; il a fait le mal une fois de plus, sans savoir, pour souffrir moins,
peut-être, et alors... ah! Seigneur! Voilà que le plateau chargé se surcharge
encore d’un poids lourd, terriblement lourd, et que, tout à coup, la balance
chavire!...»
Avery Leslie regardait devant lui la balance chavirée... Il ajouta:
«Maintenant, M. Delannes a compris... maintenant qu’il est trop tard.»
Et se tournant vers Sam Harland:
«Tu vas parler d’elle, mon ami Sam... heureux Sam!»
Mais Sam Harland était incapable de parler: il se balançait sur le banc
comme un homme ivre et tenait son genou serré entre ses paumes. Il
balbutia difficilement:
«Elle... que pourrai-je dire d’elle?... Elle a des remords, je le sais, car son
image s’efface, son image est trouble devant mes yeux... Alors moi, je vais
boire dès demain, et le gin qui brûle et qui racle me fera oublier l’image... Il
faut que je voie l’image très claire, très brillante, ou que je ne la voie pas du
tout... Quand on est vraiment saoul, on vit sans image!...
—Non! non, Sam! interrompit Leslie, tout cela n’est pas vrai! elle ne l’a
pas suivi, puisque la chanson chante encore dans ma tête, puisque je me
sens meilleur en montant le long de l’étroit sentier tendu de la terre aux
étoiles, puisque je chante en moi la même merveilleuse chanson qui
m’entraîne à voler vers elle!
—Ne dis plus rien d’elle! je te le défends! gronda Sam Harland qui
claquait puis grinçait des dents. Assez!... assez d’elle!... et quant à lui: tout
de suite! à l’instant! je n’ai pas mon couteau, mais je saurai bien avec mes
doigts, avec mes ongles, arracher sa langue, sa langue pleine de miel et de
sucre qui disait de jolies phrases françaises, et lui ouvrir le ventre, et
déchirer ses tripes puantes!»
James Randal avait sonné plusieurs fois.
«Harland! ordonna-t-il, je vous interdis de bouger, de dire un mot de
plus...»
Et comme Plug entrait, suivi de deux valets d’écurie.
«Cet homme est dangereux. Prenez des cordes et liez-le sur son banc.»
XXXIII
Ce fut bientôt fait; la séance reprit.
Mathieu tenait à garder jusqu’au bout son sang-froid; ses joues
rougissaient souvent au spectacle d’une telle candeur, d’une si indécente
nudité de sentiments, mais il avait résolu d’attendre la fin.
A petits coups rythmés, Ida Randal battait de son pied le plancher; cela
l’occupait visiblement, plus que rien d’autre.
Avery Leslie, immobile, très pâle, pleurait, non pas comme un enfant,
mais comme eût pleuré, par quel sortilège? un masque de plâtre.
Figé dans sa pose tendue, Sam Harland semblait la statue même du
forcené.
James Randal parla.
«Une leçon est utile à l’homme que la colère va saisir; le Seigneur
n’abandonne pas ceux qu’il protégeait: sa main posée sur moi, sévèrement,
me force à réfléchir... Il est trop facile de s’indigner... Ida, vous aviez
raison: on ne juge pas selon l’équité lorsqu’avant d’entendre, déjà, l’on
s’occupe de punir... Écoutez-moi tous les deux.—Vous êtes venu ici,
monsieur Delannes, perverti par le siècle et l’âme troublée, bien que cette
âme fût bonne en son essence. Vous avez transgressé la loi comme un
aveugle trébuche; or, quand il tombe dans le ruisseau, on relève l’aveugle,
on n’assure pas sa chute en le frappant.—Ida, vous n’avez pas trouvé en
moi cette affection vivante à laquelle vous pouviez prétendre: j’ai dû vous
aimer pour moi-même et si mon âme n’était point obscurcie par le
commerce des hommes, du moins l’était-elle par un invincible orgueil. Je
vous l’ai dit: la main de Dieu s’appesantit sur moi et je baisse la tête.—
Monsieur Delannes!...»
Il suppliait, d’un accent adouci...
«Monsieur Delannes! à cette heure où vous avez conscience de vous-
même, prenez la résolution ferme, spontanée et joyeuse de ne plus pécher.
Arrêtez-vous, ouvrez votre cœur à la lumière d’en haut; puis, déchargé
d’une si lourde hotte d’indignités, repartez sur la voie toute droite, en
chantant!...»
Et la voix d’Avery Leslie s’éleva soudain, trempée de pleurs.
«Cher monsieur Mathieu! rendez à James Randal cette femme qui lui
appartient!...
—Ida, reprit James Randal, vous avez été éblouie par une beauté, une
jeunesse, un charme que vous ne trouviez pas en votre mari...»
Si graves, ces paroles! si graves!... presque pas ridicules!...
«Le soleil vous aveuglait et vous aussi trébuchiez sur le chemin difficile.
Relevez-vous, Ida! Voici l’aide et le soutien de mon bras; relevez-vous sans
blessures; mais, si vous vous êtes fait mal aux pierres de la route, je
panserai la chair contuse et l’âme meurtrie...»
Sam Harland écoutait. Il tâchait même, par un effort manifeste, de bien
écouter: il louchait sous cet effort. Aux dernières paroles de Randal, son
visage se détendit; les lèvres rétractées couvrirent de nouveau les dents
méchantes; le regard droit, un peu levé, ne menaçait plus.—Alors James se
leva et défit lui-même les cordes qui liaient Harland à son banc; puis,
s’adressant à Mathieu:
«Vous resterez à Villedon, dit-il, tant que le cirque y demeurera, et nous
nous retrouverons chaque jour, et vous serez l’ami dont le visage est
bienfaisant à voir... Serrez-moi la main; serrez la main de ces deux
hommes.»
Il s’en fallut de peu que Mathieu ne criât sous l’étreinte de Harland.
Tout le monde était debout.
«Ida, dit encore le justicier, Delannes, embrassez-vous.»
Ida pencha la tête et Mathieu, lui prenant les mains, posa sur son front un
baiser.
XXXIV
«Ces trois semaines ont été pénibles, dit Mme Randal.
—Oui, dit Mathieu.
—Le cirque partira lundi en huit pour Bruxelles.
—On me l’avait appris.
—Je n’en puis plus...
—Vous souffrez?...
—Affreusement.
—Ma pauvre amie! Il faut vous faire une raison.
—C’est facile à dire!
—Oh! croyez bien que je ne trouve pas la vie très plaisante, mais nous
aurons encore quelques heures de causerie.
—Sans doute, seulement, il ne s’agit pas de cela: je vous quitte, je ne
vous verrai plus.
—Que voulez-vous!
—Vous le demandez?... Ce que je veux: vous voir, vous entendre; voir
vos yeux, tels que je les voyais parfois; entendre votre voix avec son accent
ancien...
—Cela, c’est le passé!
—Pour vous, peut-être, pour moi, non, puisque je vous aime...
—Ida!
—... Chaque jour davantage, depuis que je vous ai perdu.
—Nous avons renoncé, mon amie, nous ne pouvons plus nous dédire.
—Oui, mais moi, un de ces soirs, j’irai me pendre... Je vous ai donné
toute ma vie; ce n’est pas un sermon, si émouvant soit-il, qui changera mon
destin... Vous vous tenez là, devant moi, tout le temps, quand je dors, quand
je veille, et toujours avec ce cher sourire qui me rattache à vous.»
Mathieu la regardait. Oh! le pauvre visage douloureux! oh! la pauvre
bouche lassée! et ces yeux qui ne s’habituaient pas aux larmes brûlantes!
«Hélas! il ne reste plus que de nous séparer.
—C’est bien ce que je compte faire, pour de bon, pour tout de bon.»
Elle rit.
«De grâce, mon amie!
—Je ne suis pas votre amie, je suis votre esclave et votre chose, si vous
m’aimez encore.
—Nous ne devons pas...
—Je ne comprends pas!
—Vous vous torturez à plaisir!
—Oui... je vous aime.
—Séparons-nous: cela vaudra mieux.
—Beaucoup mieux; certainement!
—Si vous voulez, je partirai demain.
—Moi aussi, pour une autre destination.
—Vous me faites mal!
—Allons! je vous ennuie... Adieu!... à plus tard! Non, ne nous serrons
pas la main: ce serait trop bête!... Adieu, pour longtemps.»
Elle s’éloigna dans la prairie, sans se hâter.
«Et pourtant, se disait Mathieu, je ne l’aime pas, mais je me sens
malheureux loin d’elle: elle me touche d’une pitié profonde et mon cœur,
quand je la vois, bat suivant un affreux remords... Il faudrait donc un crime
de plus?... Je souffrirais de la faire souffrir, et quelle vie! car si je la quittais
jamais... un crime pire, un crime plus bas, plus vil... Saurais-je d’ailleurs ne
pas l’abandonner?... oui, mais quelle vie! quelle vie!... oh! non! je ne puis
pas! et cependant...»
A vingt pas, elle se retourna et d’un grand geste abandonné lui envoya
un baiser... Alors, soudain, Mathieu tendit les bras vers elle.
«Ida, cria-t-il, Ida! reviens tout de suite! reviens!»
XXXV
Le cirque Randal préparait une représentation d’adieu, pour l’avant-
veille de son départ. Tout le pays devait y être, gracieusement prié par la
direction. Les familles des alentours, parents et enfants, assisteraient ainsi à
un vrai gala, admireraient enfin, dans l’exercice de leur métier ou de leur
art, ces êtres singuliers qu’ils rencontraient parfois, marchant sur les routes
ou galopant de façon aventureuse dans les prés de M. Delannes. Depuis
l’aube, on travaillait à la mise au point de cette fête; mais, à mesure que
s’avançait la journée, il semblait que l’on n’y mît qu’un zèle dégradé et,
assurément, nulle joie. Les répétitions partielles qui se faisaient dans tous
les coins du camp présentaient un aspect bien morne; le cœur manquait à
l’ouvrage; les causeries souvent si longues, si animées, se résumaient en
quelques mots de recommandation ou de défense; un ordre était toujours
bref: on avait hâte d’en finir.
Silencieux, Avery Leslie achevait de tendre sa corde oblique; Sam
Harland, où était Sam Harland? il ne paraissait pas; Boucbélère soignait la
foulure que le géant s’était faite en se prenant le pied dans les gradins du
cirque; enfin Rachel, assise à côté de la caisse, ennuyait, par un jacassement
continu, à voix basse, Joy-for-ever qu’elle empêchait d’achever ses
comptes. Une atmosphère lourde pesait sur tout le monde; d’ailleurs le ciel,
sombre et couvert, laissait prévoir un orage, mais l’orage n’était pas seul
facteur de cette nervosité triste et de ce relâchement.
«J’ai pas de goût à la besogne! s’écria Plug qui s’étendit au milieu du
cirque, entouré d’une étrange collection de boules, de plateaux et
d’instruments biscornus.»
Quelques instants plus tard, il dormait, ronflant dur.
Au dehors, le parc de Villedon et le bord de la forêt se couvraient
d’ombre: le soir tombait; la nuit saurait-elle rafraîchir l’air de cette épaisse
journée?
James Randal travaillait dans son bureau, entouré de brochures et
d’indicateurs de chemins de fer. Il venait de poser sa plume et relisait des
paperasses qu’il tenait à la main. Certaines furent réunies sous des pinces;
d’autres, jetées au fond d’un tiroir.
Comme on frappait:
«Entrez,» dit-il.
Ida Randal et Mathieu Delannes s’arrêtèrent debout devant la porte
refermée.
«Ah! c’est vous!» s’écria Randal.
Il se tut, un moment; mais quand il se mit à parler de nouveau, ce fut sur
le ton sec d’un homme qui tient à régler rapidement une affaire à laquelle il
a déjà réfléchi et dont il n’attend nulle surprise. Il n’y avait plus là que le
directeur du Randal Circus.
«Le scandale, dit-il, a donc éclaté depuis hier: le cirque tout entier sait
votre crime; à moi-même vingt voix indignées l’ont dénoncé, qui me
suppliaient de chasser cette femme de devant mes yeux, ce que je compte
faire... Je vous chasse! je vous chasse l’un et l’autre! partez!—Sans doute
aurez-vous du plaisir à apprendre que Sam Harland, lorsqu’il eut appris,
lorsqu’il eut vu l’abominable forfait doublé de parjure, est devenu fou
furieux. Pour qu’il ne blesse pas inconsidérément la tendre chair de M.
Delannes, je l’ai fait enchaîner tout de suite au fond de son écurie, où il se
trouve maintenant et hurle depuis l’aube. Il a hurlé aussi une partie de la
nuit dernière. Je l’emmènerai après-demain et le confierai à un asile.—
Femme! voici vos papiers, dans cette enveloppe: vous n’aurez pas de peine
à continuer, comme il vous plaira, une vie sans honneur.—Quant à vous, je
n’ai rien à vous dire, sinon que nos comptes sont liquidés. Je les ai remis à
M. Hourgues, votre gérant, qui les approuve... Je vous ai maintenant assez
vus tous les deux: partez! mais, d’abord, voici la sentence; mûrissez-la dans
votre esprit; c’est vous-même qui vous l’êtes infligée... elle est sans
rémission possible... Par conséquent, écoutez bien: si jamais vous quittez
cette femme, monsieur Delannes, si vous ne demeurez pas auprès d’elle et
ne la protégez pas, tant qu’un souffle de vie vous anime, ce sera... entendez-
vous, grand Dieu!... ce sera l’enfer!—Cet avertissement est encore
charitable!...»
Mathieu ne put arrêter le sourire qui courut sur sa bouche comme Randal
répétait:
«L’enfer!... je vous promets l’enfer!...»
Car il devinait autre chose:
«Et sans chercher si loin, songea-t-il, la servitude, tout de suite.»
Mais aussitôt, d’un geste à la fois brusque et tendre, il saisit la main
d’Ida.
Or, à ce même instant, un cri aigu, un cri perçant, pathétique, et soutenu
comme une déchirure, se fit entendre au dehors.—James Randal bondit
jusqu’à la porte et l’ouvrit toute grande sur la nuit.
A quelques pas, dans la lumière du réflecteur qui éclairait le seuil, Joy-
for-ever, dépeignée, les yeux égarés par l’horreur, les bras chargés d’un trop
lourd fardeau, tenait contre elle, serrait contre elle une forme blanche...
Et Joy-for-ever cria:
«Monsieur James! Monsieur James! c’est trop affreux! Il montait à la
corde en chantant; il montait dans l’ombre, tenant son balancier lumineux,
en chantant; il montait tout droit et, soudain, le chant s’est pris dans sa
gorge, le balancier lui a glissé des doigts, il a levé les mains vers le ciel... il
est tombé en dehors du filet tendu trop court, il est tombé de très haut dans
l’herbe... Il est mort, monsieur James! il est mort, le cher enfant! Il n’est pas
abîmé: l’herbe l’a reçu tout doucement, mais il est mort... il devait être mort
de douleur avant d’atteindre en bas...
—Joy-for-ever, dit James Randal, écartez-vous, ces gens veulent
passer...»
Et, plus tard, dans la nuit très obscure où bouillonnait encore l’orage en
formation, deux nègres montaient la garde devant la porte principale du
camp, chacun haussant à son poing un flambeau...
La porte s’ouvrit; deux formes sortirent.
A leur passage, les nègres retournèrent brusquement les hautes flammes
rouges et les ensevelirent à leurs pieds dans le sable où elles crissèrent.
Puis ce fut le silence, rompu par ce seul hurlement de bête; poussé par
une poitrine furieuse, au fond de l’écurie...
Et les deux formes humaines s’éloignèrent, prises par la nuit dense, liées
à jamais dans une double solitude.
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