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vii
Contents
Preface xi
Symbols and Abbreviations xv
1 Introduction 1
2 Mathematical Foundations 13
2.1 Matrix Algebra 13
2.2 Vector Algebra 20
2.3 Simultaneous Linear Equation Systems 22
2.4 Linear Dependence 26
2.5 Convex Sets and n-Dimensional Geometry 29
6 Duality Theory 95
6.1 The Symmetric Dual 95
6.2 Unsymmetric Duals 97
6.3 Duality Theorems 100
6.4 Constructing the Dual Solution 106
6.5 Dual Simplex Method 113
6.6 Computational Aspects of the Dual Simplex Method 114
6.7 Summary of the Dual Simplex Method 121
Preface
Introduction
This book deals with the application of linear programming to firm decision
making. In particular, an important resource allocation problem that often
arises in actual practice is when a set of inputs, some of which are limited in
supply over a particular production period, is to be utilized to produce, using
a given technology, a mix of products that will maximize total profit. While a
model such as this can be constructed in a variety of ways and under different
sets of assumptions, the discussion that follows shall be limited to the linear
case, i.e. we will consider the short-run static profit-maximizing behavior of
the multiproduct, multifactor competitive firm that employs a fixed-coefficients
technology under certainty (Dorfman 1951, 1953; Naylor 1966).
How may we interpret the assumptions underlying this profit maximiza-
tion model?
Linear Programming and Resource Allocation Modeling, First Edition. Michael J. Panik.
© 2019 John Wiley & Sons, Inc. Published 2019 by John Wiley & Sons, Inc.
2 1 Introduction
Why is this linear model for the firm important? It is intuitively clear that the
more sophisticated the type of capital equipment employed in a production proc-
ess, the more inflexible it is likely to be relative to the other factors of production
with which it is combined. That is, the machinery in question must be used in
fixed proportions with regard to certain other factors of production (Dorfman
1953, p. 143). For the type of process just described, no factor substitution is pos-
sible; a given output level can be produced by one and only one input combina-
tion, i.e. the inputs are perfectly complementary. For example, it is widely
recognized that certain types of chemical processes exhibit this characteristic
in that, to induce a particular type of chemical reaction, the input proportions
(coefficient) must be (approximately) fixed. Moreover, mechanical processes such
as those encountered in cotton textile manufacturing and machine-tool produc-
tion are characterized by the presence of this limitationality, i.e. in the latter case,
constant production times are logged on a fixed set of machines by a given num-
ber of operators working with specific grades of raw materials.
For example, suppose that a firm produces three types of precision tools
(denoted x1, x2, and x3) made from high-grade steel. Four separate production
operations are used: casting, grinding, sharpening, and polishing. The set of
input–output coefficients (expressed in minutes per unit of output), which
describe the firm’s technology (the firm’s stage one problem, as alluded to
1 Introduction 3
above, has been solved) is presented in Table 1.1. (Note that each of the three
columns represents a separate input activity or process.)
Additionally, capacity limitations exist with respect to each of the four pro-
duction operations in that upper limits on their availability are in force. That
is, per production run, the firm has at its disposal 5000 minutes of casting time,
3000 minutes of grinding time, 3700 minutes of sharpening time, and 2000 min-
utes of polishing time. Finally, the unit profit values for tools x1, x2, and x3 are
$22.50, $19.75, and $26.86, respectively. (Here these figures each depict unit
revenue less unit variable cost and are computed before deducting fixed costs.
Moreover, we are tacitly assuming that what is produced is sold.) Given this
information, it is easily shown that the optimization problem the firm must
solve (i.e. the stage-two problem mentioned above) will look like (1.1):
max f = 22 50x1 + 19 75x2 + 26 86x3 s t subject to
13x1 + 10x2 + 16x3 ≤ 5000
12x1 + 8x2 + 20x3 ≤ 3000
11
8x1 + 4x2 + 9x3 ≤ 3700
5x1 + 4x2 + 6x3 ≤ 2000
x1 , x2 ,x3 ≥ 0
How may we rationalize the structure of this problem? First, the objective func-
tion f represents total profit, which is the sum of the individual (gross) profit
contributions of the three products, i.e.
3
total profit = total profit from xj sales
j=1
3
= unit profit from xj sales number of units of xj sold
j=1
Tools
x1 x2 x3 Operations
13 10 16 Casting
12 8 20 Grinding
8 4 9 Sharpening
5 4 6 Polishing
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COMBATS ET MORT DE RAOUL.
I.
Il a plu; et le champ de bataille est un marais trempé d'eau et de
sang, car bien des barons sont morts en ce lieu. Les plus ardents
destriers vont au pas, harassés qu'ils sont de fatigue; ils glissent, ils
s'abattent sur la terre molle.
Voilà que le comte Ernaut de Douai rencontre le sire de Cambrai
Raoul.
—«Par Dieu, Raoul, lui crie-t-il, nous ne serons amis que lorsque je
t'aurai mis à merci et tué. Tu m'as occis mon neveu Bertolai et
Richerin que j'aimois tant, et bien d'autres encore de mes amis que
je ne verrai plus!»
—«Oui certes, dit Raoul, et ce n'est pas tout..... Toi-même, tu
tomberas sous mes coups.»
—«Eh bien, par le corps saint Nicolas, je t'en défie, reprit Ernaut.—
Ah! te voilà donc, Raoul de Cambrésis, que je n'ai vu depuis ce jour
où mon cœur fut par toi tant navré. J'avois de ma femme deux
petits enfants que j'envoyai à la cour du roi de Saint-Denis, et tu les
fis mourir, traître! Tu es à toujours mon ennemi; et si cette épée que
je tiens ne te coupe la tête, je ne me prise la valeur de deux
parisis.»
—«En vérité, répond Raoul, tu t'estimes bien haut.... Je ne veux plus
voir la cité de Cambrai si je ne te fais mentir à ta parole.»
Et les deux barons furieux éperonnent leurs destriers et se
précipitent l'un contre l'autre, se donnant sur leurs écus des coups
terribles. Mais ils sont protégés par leurs hauberts.—Bientôt ils sont
désarçonnés: ils sautent à terre et tirent leurs glaives.
A cette vue les plus hardis chevaliers s'arrêtent épouvantés.
Le comte Raoul est un merveilleux baron pour sa force et son
audace à manier ses armes. Il frappe Ernaut au chef et abat du coup
les ornements de son heaume doré. Le fer auroit pénétré dans la
tête sans la coiffe du haubert qu'il n'a pu traverser; mais glissant à
gauche, l'épée coupe un quartier de l'écu avec deux cents mailles du
haubert. Ernaut, étourdi du choc, trébuche; et glacé d'effroi, réclame
le Dieu de toute justice..... «Aidez-moi, sainte Vierge Marie, et je
rebâtirai le moustier d'Origni!»
Alors Ernaut, reprenant courage, se retourne plein de colère sur
Raoul et lui assène de grands coups sur son heaume dont il brise les
fleurs de lys..... Le sire de Cambrai a le visage et la bouche
ensanglantés....—A son tour, il frappe Ernaut de sa tranchante épée,
brise son heaume, et rabattant la lame à gauche avec une grande
adresse, il lui coupe le poignet qui tombe serrant encore le bouclier.
Ernaut est anéanti de voir gésir à terre son poing et son écu, de voir
couler le sang vermeil de sa blessure. Eperdu, il remonte à cheval et
s'enfuit à travers les bruyères.
—Raoul se précipite sur ses pas.....
II.
Ernaut s'enfuit et Raoul le serre de près.... Mais voilà que son
destrier s'est abattu et il va être atteint: effrayé alors, il s'arrête un
moment au milieu du chemin et s'écrie à haute voix: «Grâce, Raoul!
grâce, au nom de Dieu le créateur: si tu m'en veux de t'avoir frappé,
eh bien, je serai ton homme lige; si cela te plaît, je t'abandonne
Brabant et Hainaut..... Mes hoirs n'y pourront désormais prétendre
l'espace d'un demi-pied.»
—Raoul a juré de ne rien écouter tant qu'il ne l'ait mis à mort.
III.
Ernaut s'enfuit à grands coups d'éperons, et Raoul au cœur félon le
poursuit et le presse... Il regarde de côté et aperçoit au loin son
neveu, le noble baron Rocoul de Soissons, aussi neveu du comte
Bernier. Il tourne vers lui sa course et l'appelle à grands cris; car il a
peur de mourir.—«Beau neveu, protégez-moi contre la fureur de
Raoul. Il m'a coupé le poing dont je tenois mon écu et qui seul
pouvoit me défendre; il me menace de m'arracher la tête.»
—Rocoul frémit à ces mots. «Oncle, dit-il, point ne vous sert de fuir;
Raoul aura bataille.»
Et le vaillant chevalier pique son coursier de ses éperons d'or, brandit
sa lance à manche de pommier et frappe Raoul sur son écu. Raoul
riposte; et les lances se cassent sur les hauberts, sans que les deux
chevaliers aient perdu les arçons.
A cette vue, le comte de Cambrai entre en fureur, saisit sa grande
épée d'acier, brise le heaume de Rocoul, et la rabattant sur l'étrivière
gauche, lui tranche le pied qui tombe avec l'éperon.
Raoul se réjouit à cet aspect, et d'un ton dédaigneux: «Vois, dit-il,
Ernaut est manchot et toi boiteux; vous voilà bons à devenir l'un
garde, l'autre portier.»
—«Mon oncle, dit Rocoul au comte de Douai, j'espérois vous venir
en aide; mais, hélas! mon secours ne pourroit plus maintenant vous
sauver.»
IV.
Ernaut s'enfuit à grands coups d'éperons, et Raoul au cœur félon le
presse par-arrière. Il jure par le Dieu qui souffrit mort et passion qu'il
ne le quittera qu'après lui avoir coupé la tête sous le menton.
—Ernaut regarde de côté et aperçoit le sire Herbert d'Ireçon, Wedon
de Roie, Loys, Sanson et le comte Ybert, le père de Bernier. Il tourne
vers eux sa course et les appelle à grands cris; car il a peur de
mourir.—«Seigneurs, dit-il, bien devez-vous me protéger contre la
fureur du comte Raoul, qui tant a tué de vos amis. Il m'a coupé le
poing dont je tenois mon écu et qui seul pouvoit me défendre, et il
menace de m'arracher la tête.»
Ybert l'entend et pense en perdre la raison; il lance son bon destrier,
brandit sa haste, déroule le gonfalon, frappe et brise l'écu de Raoul.
Le fer a percé les mailles du haubert et glisse sur le côté.
Ce fut merveille s'il ne fut pas occis alors ou bien fait prisonnier; car
plus de quarante chevaliers ennemis l'entouroient déjà, quand à
toutes brides accourut Géri d'Arras, en compagnie de quatre cents
guerriers.
Alors recommence un choc terrible, et l'on voit la terre se joncher de
pieds, de poings, de têtes coupées. Les cadavres et les blessés sont
là étendus, la bouche béante, et l'herbe est tout ensanglantée.
L'épée à la main, le comte Raoul est toujours au plus fort du combat,
et en ce jour il a sevré bien des âmes de leurs corps; il a fait veuves
bien des dames; car plus de quatorze barons sont tombés sous ses
coups.
Ernaut a vu tout cela le cœur dolent, et il a réclamé Dieu le Sauveur
des âmes. «Sainte Marie, Mère couronnée, ayez pitié de moi!»
V.
Et il se remet à fuir dans la vallée....
Raoul a levé la tête, l'a aperçu, et déjà s'est précipité sur ses pas, en
lui criant de toute la force de ses poumons: «Ernaut! j'ai désiré ta
mort, et ce glaive me va satisfaire.»
«Je n'en puis; mais, sire, puisque telle est ma destinée, répond
Ernaut, pour qui toute joie et tout espoir sont perdus, hélas! point
ne me sert de me défendre.»
Et il s'enfuit, ne sachant où se blottir. Telle peur il a, qu'à peine il se
peut soutenir; et il sent que Raoul approche et va l'atteindre!
«Grâce! Raoul, merci, crie-t-il, je suis jeune encore et ne veux pas
mourir; je me ferai moine et servirai Dieu.... Tous mes fiefs seront à
toi.....
—«Non, dit Raoul, il est temps d'en finir; ce fer va te couper le cou.
Ni hommes, ni saints, ni Dieu ne pourroient te sauver.»
A ces paroles, Ernaut jette un soupir....
Mais son cœur lui revint aussitôt, car il a entendu renier Dieu.
—«Raoul, vil mécréant, lui crie-t-il, en hochant la tête, trop plein
d'orgueil, de félonie et d'outrecuidance, chien enragé qui renie Dieu
et son amitié, sache bien que si le Roi de gloire avoit pitié de moi, tu
ne me frapperois pas!...»
VI.
Et il s'enfuit à coups d'éperons, tenant en sa main l'épée qu'il a tirée
du fourreau.
Quand il a quelque avance, il regarde devant lui, et voit venir Bernier
équipé à merveille, muni de belles armes, de haubert, de heaume,
d'écu et d'épée. A cet aspect Ernaut tressaille de joie et plus ne
songe à son poing. Il a dirigé son cheval vers lui.—«Grâce, sire
Bernier, aie de moi pitié! vois mon bras; c'est Raoul qui m'a meurtri
de la sorte.»
—Bernier l'entend, il frémit et frissonne jusqu'aux ongles des pieds.
—«Oncle Ernaut, s'écrie-t-il, point ne vous sert de trembler, et je vais
implorer pour vous mon ancien maître.»
Puis, s'appuyant sur le cou de son destrier:
«Eh! sire Raoul, clame-t-il à haute voix, fils de femme légitime, c'est
toi qui m'adoubas chevalier, je le sais, mais depuis tu m'as fait payer
bien cher cet honneur..... Tu as brûlé ma mère dans l'église d'Origni;
tu as occis maints de nos vaillants amis, et à moi-même, tu m'as
brisé la tête; je sais aussi que tu m'offris une amende; tu voulois me
donner cent bons coursiers, cent mulets, cent palefrois de prix, cent
écus et cent hauberts doublés; je n'acceptai pas, car la vue de mon
sang m'avoit mis en fureur, et les braves chevaliers, mes amis, ne
m'ont jamais blâmé. Mais si en ce jour tu me fesois la même offre,
oh! je l'accepterois et pardonnerois tout; je te le jure par saint
Riquier. De la sorte, la guerre seroit finie; car mes parents
apaiseroient leur colère, et je te ferois bailler la suzeraineté de
toutes nos terres.... Mais, au nom du Dieu juste, calme-toi et ne
reste pas sans pitié. Pas ne te sert de poursuivre cet homme qui a
perdu son poing et est à demi mort.»
Raoul, à ces mots, est exaspéré de fureur; il se dresse sur ses étriers
qui ploient, et fait cambrer sous lui son destrier. «Bâtard, dit-il, bien
savez-vous plaider; mais vos flatteries ne vous serviront pas, car
vous ne sortirez de ces lieux avec votre tête.»
—«Oh! alors, répond Bernier, mon courroux est légitime....»
Et voyant que sa prière n'a point servi, Bernier pique son destrier et
court sur Raoul qui se précipite à sa rencontre. Ils se portent de
grands coups sur leurs écus, et se vont pourfendant leurs armures....
Mais Raoul se rue avec tant de violence contre Bernier, que bouclier
et haubert ne lui auroient pas plus servi qu'un gant, et qu'il seroit
mort sur le coup, si Dieu et le bon droit n'avoient été pour lui. Il
esquive le fer qui glisse à côté.
VII.
Bernier alors prenant sa revanche frappe avec fureur le comte Raoul,
coupe son heaume luisant, en fracasse les garnitures et tranche la
coiffe du haubert.—Le glaive a coulé dans la cervelle.—Raoul incline
la tête et tombe de cheval.
—En vain il songe à se relever..... A grands efforts il tire son épée
d'acier, et on le vit alors la dressant en l'air chercher où il pourroit
frapper; mais bientôt son bras retombe vers la terre, et c'est avec
bien de la peine qu'il parvient à retirer son fer fiché dans le gazon.
Déjà sa belle bouche commence à se rétrécir; son œil si vif
s'obscurcit, et en cet instant il réclame le Dieu du Ciel.—«Hélas!
glorieux Père, Seigneur tout-puissant, combien je me sens foiblir;
tout-à-l'heure encore, plus d'espoir à ceux qui s'offroient à mes
coups; et maintenant..... Je me battois pour un fief; désormais je
n'aurai besoin de celui-là ni d'un autre..... Secourez-moi, douce
Dame du ciel!...»
—Bernier à ces paroles pense perdre la raison, et se prenant à
larmoyer sous son heaume:
—«Eh! sire Raoul, s'écrie-t-il, fils de légitime épouse, tu m'adoubas
chevalier; je ne pourrois le nier; mais tu m'avois fait payer bien cher
cet honneur en brûlant ma mère dans l'église d'Origni et en me
fracassant la tête... Tu m'as offert raison, il est vrai.... Maintenant je
ne désire plus autre vengeance....»
—«A mon tour, s'écrie le comte Ernaut.... Laisse ce cadavre, que je
venge mon poing!»
—«Je ne puis vous en empêcher, répond Bernier; mais à quoi vous
sert de frapper un mort?....»
—«Oh! ma colère est bien juste, reprend Ernaut.»
Et tournant son destrier vers la gauche du comte Raoul, il le frappe
sans pitié, brise de nouveau son heaume, tranche la coiffe de son
haubert, et baigne l'épée dans sa cervelle; puis, la retirant, il la
plonge tout entière dans son corps.....
Alors l'âme abandonne le gentil chevalier. Prions le Seigneur Dieu
qu'il la prenne à lui!
Géri le Sor, comte d'Arras, a donné sa fille Béatrix en mariage au
comte Bernier, après lui avoir pardonné le meurtre de son neveu,
Raoul de Cambrai. Mais le pardon n'est pas sincère, et Géri conserve
toujours dans son cœur un profond ressentiment du meurtre de son
neveu.—Les causes qui réveillèrent cette haine assoupie, et les
terribles résultats qui en advinrent, forment le sujet de l'épisode
suivant.
MEURTRE DE BERNIER.
I.
..... Ils passèrent de la sorte six jours pleins, et quand vint l'heure du
départir, Géri appela Bernier:
«Sire, dit-il, écoutez-moi: je veux aller servir saint Jacques; c'est un
vœu que j'ai fait, afin que vous le sachiez.»
Bernier lui répondit: «Voilà aussi cinq ans que je l'ai promis.»
—«Eh bien, frère, dit Géri, allons-y de compagnie.»
—«Par ma foi, je vous l'accorde, repartit Bernier; indiquez le jour
que nous quitterons ces lieux.»
Le voyage est arrêté pour la huitaine après Pâques.
Le Sor retourne en son pays, et Bernier reste près de ses deux
enfants et de sa gentille femme.—Elle lui tient le discours que vous
allez entendre:
«Bernier, beau frère, vous avez beaucoup entrepris; mon père est
très-félon et fort mal avisé; il y a de la trahison en lui. Si vous lui
dites chose qui ne lui plaise point, il vous tuera sans défiance.»
—«Vous parlez mal, madame, lui répondit Bernier; il ne le feroit pas
pour le fief de Paris.»
—«Sire, dit-elle, gardez-vous toujours bien de lui; je vous en prie
pour l'amour de Dieu.»
—Et la parole en resta là.
Tant s'écoula-t-il de journées que le terme fixé arriva; alors Géri s'en
revint à Saint-Quentin, et avec lui Anciaumes et Ernaïs, deux francs
chevaliers; Bernier prit pour compagnons Garnier et Savary. Ils vont
à l'église, prennent les écharpes, et après messe, ils se mettent à la
voie.
Au moment du départir, Bernier embrassa ses fils, et puis embrassa
sa franche épouse, et elle lui, en pleurant des yeux de son visage:
«Que le Dieu qui daigna mourir pour nous sur la croix, lui dit-elle,
vous garde de mort et de péril!»
Alors Berner la baise encore une fois et ce fut la dernière; car elle ne
le vit plus que mort et étendu dans le cercueil, comme vous allez
l'apprendre en la chanson.
II.
—Bernier chevauche avec le sor Géri; ils traversent la France,
entrent en Berry, se dirigent vers Poitiers, et vont à Blaye sans
retard; ils y passent la nuit; et le matin ils s'avancent droit à
Bordeaux, en traversant les landes.
Je ne saurois vous raconter leurs journées; mais tant chevauchèrent-
ils, et par jour et par nuit, et par beau et par mauvais temps, qu'ils
arrivèrent à Saint-Jacques un mardi. Après s'être hébergés ils s'en
vont à l'église. Le soir ils y veillèrent chacun un cierge en main. Le
lendemain, de grand matin, ils entendent la messe, retournent un
moment à leur hôtel, et puis remontent sur leurs bons chevaux, car
ils ont grande hâte de revenir.
Ils arrivèrent à Paris en trente jours; mais ils n'y trouvèrent pas le
fort roi Loys[9], qui pour lors étoit à Laon avec ses amis. Ils
couchèrent la première nuit à Saint-Denis, l'autre à Compiègne, le
château renommé, et furent à Laon le lendemain. Ils y trouvèrent le
roi qui leur fit bel accueil; puis ils prirent congé de lui pour se rendre
droit à Saint-Quentin.
Quand ils arrivèrent dans les prés, sous Origni, en la place où Raoul
avoit été tué, le comte Bernier fit un pesant soupir. Le sor Géri s'en
aperçut et lui demanda pourquoi il soupiroit.
«Point ne vous importe, beau sire, lui répondit Bernier, de connoître
la cause de mon chagrin.»
—«Mais je le veux savoir, dit Géri.»
—«S'il en est ainsi, repartit Bernier, je vous le dirai: je me remembre
de Raoul le marquis, qui eut l'outrecuidance de vouloir ravir
l'héritage de mes cousins; voici le lieu où je l'ai mis à mort.»
Géri l'entend, et c'est à peine s'il n'enrage; mais il dissimule son
courroux par sa contenance: toutefois il répondit à Bernier: «Vassal,
vous êtes mal avisé de me rappeler la mort de mes amis.»
En ce moment ils rencontrent des paysans de leur contrée, qui leur
donnent nouvelles de la comtesse Béatrix.
«Seigneurs barons, leur disent-ils, la gente dame, fille à Géri d'Arras,
et femme au franc Bernier, n'est pas à Saint-Quentin, voilà cinq jours
qu'elle est à Ancre[10] avec ses deux fils.»
Les barons, à ces mots, s'en vont à Saint-Quentin, d'où après avoir
un peu mangé ils continuent leur chevauchée tout droit vers Ancre.
Le sor Géri soupire souvent, et peu s'en faut que son cœur ne se
brise; car il se rappelle le mot de Bernier et la mort de son ami.
III.
Ils chevauchent de la sorte jusqu'à une mare où leurs destriers se
désaltèrent volontiers, car ils en ont grand désir. La colère ne peut
sortir de l'âme du vieillard où le mauvais esprit ne tarda pas à entrer.
Portant alors la main à l'étrivière, il en décroche tout bellement un
étrier, et frappant Bernier à la tête, il lui brise le crâne. Du coup la
cervelle sauta, et le comte Bernier tomba dans l'eau.
Garnier et Savary l'en retirèrent, tandis que Géri fuyoit avec
Anciaumes et Ernaïs qui l'en blâmèrent grandement.
—Les deux écuyers ont pris leur maître entre leurs bras, et lui
adressant la parole: «Sire, en reviendrez-vous?»
—«Nenni, dit Bernier, voyez ma cervelle qui tombe sur mon giron.
Ah! traître Géri, que Dieu te maudisse! Ta fille Béatrix m'avoit bien
dit que tu me tuerois en trahison, et que j'eusse à me garder de toi:
elle avoit la triste pensée de ce qui adviendroit. Mais Dieu, notre
père, pardonna bien sa mort à Longis[11], ne dois-je pas aussi
pardonner la mienne?—Je lui pardonne: Seigneur; ayez pitié de
moi!»
Et à ces mots, il appela Savary, pour lui confesser ses péchés, car il
n'y avoit pas là de prêtres. Savary rompit trois brins d'herbe, et
Bernier les reçut pour Corpus Domini.
Alors il tendit ses deux mains jointes vers le ciel, se battit la poitrine
et demanda grâce à Dieu.... Bientôt son œil tremble, sa vue se
trouble, son corps se roidit et l'âme en sort.
Que Dieu la reçoive en son saint paradis!
Puis Garnier et Savary enlevèrent le cadavre; et le plaçant sur un
mulet arabe ils s'acheminent droit vers Ancre.
IV.
.... La comtesse Béatrix est au palais seigneurial avec ses deux fils.
La gentille dame les fait venir:
—«Grâce au Seigneur, mes enfants, vous êtes chevaliers depuis
tantôt deux mois que Bernier, votre père, est allé servir saint
Jacques; or, voici venu le terme de son retour.
—Bien avez-vous parlé, madame, disent les enfants.»
Tandis qu'ils devisoient de la sorte, la dame jette les yeux sur le
chemin ferré et aperçoit Garnier et Savary, qui ramenoient Bernier.
La dame les montrant à ses fils: «Je vois, dit-elle, deux chevaliers
venir; ils me semblent bien courroucés et tristes, ils s'arrachent les
cheveux et se frappent les mains. Hélas! j'ai grand peur de mon père
Géri: hier soir, quand je m'endormis, je songeois un songe affreux.
Mon seigneur étoit revenu; et mon père l'attaquant sous mes yeux
l'avoit abattu à terre; il lui arrachoit les yeux de la tête, et à moi-
même il me tordoit le cou.... Puis je vis les salles de ce palais
s'écrouler. Las!.. la frayeur revient maintenant à mes esprits.»
—«Ce songe est signe de bonheur, lui répondit son fils.»
Et pendant qu'ils parloient ainsi, Garnier et Savary approchoient.
V.
Il y a dans la ville un prieuré que l'on appelle aujourd'hui dans le
pays Bernier-Bierre; les moines y recueillirent Bernier; et après avoir
lavé son corps d'eau froide et de vin, ils le cousent dans une grande
toile de lin, puis le mettent dans un cercueil qu'ils recouvrent d'un
drap magnifique.
Un messager s'en vient droit à la comtesse: «Dame, lui dit-il, par le
Dieu qui fit tout bien, Garnier et Savary sont revenus apportant un
chevalier mort.» La dame à ces mots changea de visage: «Las!
s'écrie-t-elle, mon rêve est avéré; ah! je le sais bien, c'est Bernier,
mon ami.»
Et relevant sa longue robe, elle court tout épouvantée au prieuré;
elle aperçoit Savary et lui crie: «Où est mon seigneur, celui qui m'a
épousée?»—«Madame, lui dit Savary, point ne sert de vous le
cacher, le voici dans la tombe: c'est votre père, Géri d'Arras, qui l'a
tué.» Béatrix l'entend et en pense perdre la raison. Elle va droit au
cercueil, enlève la courtine, rompt le suaire, et considérant la plaie:
«Frère, dit-elle, que vous voilà mal traité! Ah Géri! vieillard félon,
grise barbe, si tu ne m'avois mise au monde, je t'aurois déjà maudit;
car tu m'as sevrée en ce jour d'un seigneur qui me donnoit gloire et
bonheur. Hélas, Bernier, mon frère, franc et valeureux baron, votre
haleine est si douce qu'elle me semble tout embaumée!»—A ces
mots elle tombe évanouie à terre.
Julien, son fils, l'en a relevée, et lui parlant de belle façon:
«Ne vous émouvez pas, madame, lui dit-il; car, par celui qui fit le ciel
et la rosée, quinze jours ne se passeront pas, sans que la mort de
mon père ne soit chèrement payée!»
Dans le terme indiqué, Julien avait tenu parole, car la ville d'Arras
avait été prise et saccagée de fond en comble par lui et ses
chevaliers. Toutefois le vieux Géri ne perdit pas la vie dans cette
occasion; le trouvère, pour ne point ternir la vengeance du jeune
Julien, et lui conserver en entier ce caractère de légitimité, qui était
si bien dans les mœurs du temps, aime mieux nous dire que le
comte d'Arras disparut avant la prise de sa ville, et que l'on
n'entendit plus parler de lui; seulement il présume, avec un tact
exquis, qu'il se fit ermite dans quelque lieu solitaire; et c'est là le
dénouement du drame.
CHANSON
DE LA MORT
DE
BÉGUES DE BELIN.
Le poème, ou si l'on veut, la chançon des Loherains, d'où est tiré
l'épisode qu'on va lire, est une des plus vastes et des plus brillantes
épopées du moyen-âge. M. P. Paris a publié en 1833-1835, la partie
qui concerne Garin et Bégues son frère, laquelle selon ce philologue,
aurait pour auteur Jehan de Flagy, trouvère sur lequel il existe peu
de renseignements. Cette publication a révélé une production
poétique du plus haut mérite.
Entre toute les parties de cette chanson célèbre, il n'en est pas qui
ait eu plus de renommée que la mort de Bégues de Belin.
Nous ne pouvons mieux caractériser ce fragment qu'en reproduisant
ce que le baron de Reiffenberg a dit du poème en général.[12]
—«Comme dans les plus anciennes compositions épiques, il règne
dans son œuvre (Jehan de Flagy) une simplicité imposante, unie à
beaucoup de mouvement et d'intérêt. Pas une seule fois il a eu
recours au merveilleux; là point de géans, de nains, de fées, point
d'armes enchantées: c'est dans le jeu des caractères qu'est tout
l'artifice du poème, et ces caractères sont aussi énergiques que
variés. Le génie sévère des Francs d'Austrasie éclate d'un bout à
l'autre; on croirait qu'une grande pensée politique a donné, dès le
principe, l'exclusion aux fictions ordinaires des poètes.»
Le lecteur a pu remarquer cette même simplicité, cette même
absence du merveilleux, cette même énergie de caractère dans les
divers morceaux extraits ci-dessus du roman de Raoul.
La mort de Bégues qui, à elle seule, est un poème entier, est
souvent rappelée dans les œuvres des trouvères et dans les
chroniques. Philippe Mouskes, dont M. de Reiffenberg vient de
donner une si belle et si savante édition, s'est plu à rappeler tous les
évènements de ce trépas si dramatique, comme ailleurs il avait
reproduit quelques faits de notre roman de Raoul. Dès le XIVe siècle,
on avoit translaté en prose ce brillant épisode, pour le populariser
davantage et satisfaire ainsi l'avide curiosité de tous les lecteurs.
De nos jours l'habile philologue M. Mone, en Allemagne[13], et M.
Leroux de Lincy, en France[14], ont publié des analyses raisonnées
de la chanson de Garin et ont fait ressortir tout l'intérêt qui s'attache
au fragment dont je donne ici une traduction littérale, d'après le
système que je me suis fait, et que j'ai exposé plus haut.
Un manuscrit inconnu aux précédents éditeurs, et qui m'a été
communiqué avec une gracieuse obligeance par M. d'Herbigny, m'a
fourni quelques variantes que j'ai mises à profit.
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